Notre journaliste, Marie Morlier, est venue écouter une sélection d’artistes triée sur le volet et, pour elle, c’est une de ses meilleures années. Il y a eu une flopée de découvertes et l’organisation a été sans faille. Les Transmusicales de 2022 ont été un très grand cru et affirment encore une fois qu’elles sont la Mecque des découvertes de talents. Nous nous promettons d’y aller en force l’année prochaine ! Brian
Tu faisais quoi le week-end dernier ? T’es peut-être venu te réchauffer à Rennes pour les
Transmusicales ? On s’est même sûrement croisés ? Viens avec moi, on va se (re)balader ensemble
devant les concerts auxquels j’ai eu la chance d’assister.
J’arrive de bonne heure au Parc Expo, pensant être en retard, mais je suis carrément à l’ouest ! À
21h personne n’est encore arrivé… à part les érudits de musique… Peut-être que les gens ne sont
pas intéressés d’y venir si tôt parce qu’ils ne sont pas prêts, parce qu’ils ne connaissent pas la prog
de cette heure-là ou parce qu’ils n’ont pas assez bu avant d’arriver pour pas que ça leur coûte trop
cher…blablabla…pleins de raisons de merde. Mais ça, c’est totalement gratuit, désolé !?
Tu te demandes pourquoi donc je suis arrivée si tôt ? Pour voir le groupe rennais Sarakiniko au
Hall 3. J’en entends parler depuis un moment maintenant, il est enfin temps pour moi de découvrir
ce petit phénomène – qui joue à domicile en plus ! Dès que j’entre dans la « salle » la lumière
diffusée fait bugger de ouf mon petit cerveau ! J’adore ! Ça met direct dans l’ambiance du concert
que je m’apprête à voir. À peine suis-je arrivée que le trio démarre son set, devant un public déjà
bien présent. Pour faire court, je suis restée sur ma faim. Oui, ils ont de bons côtés shoegaze/psyché,
de bons côtés de guit, de basse ou de batterie mais le chant… comment te dire… il casse mon trip à
chaque fois. Faites de l’instru les gars ça sera bien mieux ! Concernant leur son, il est cool. Les
moments de folies très intéressants ne sont pas assez longs à mon goût. Toutefois, leur son se laisse
écouter avec grand plaisir…si on enlève les passages mous un poil trop nombreux. L’atmosphère
générale réchauffe les spectateurs tranquillou, heureusement que c’est en début de soirée du coup !
Question réchauffement, j’allais me diriger vers le Hall 8 pour Hermon Mehari ft Faytinga quand,
tout à coup, je me fais happée par un groupe sorti de l’univers pour nous prêcher la parole cimentée.
Mais de quoi elle parle celle-là ? Du groupe rennais Dalle Béton voyons ! Ce qui m’a intriguée plus
tôt dans la soirée c’était la bétonnière sur scène… J’me suis demandée ce qui pouvait bien se passer
à cet endroit… Réponse 2h plus tard avec leur musique brute de décoffrage, entraînante, remplie de
beats électroniques et de basses effrénées (avec l’instrument et avec l’ordi) et un « chant »
sommaire, certes, mais suffisant pour leurs propos. Dommage cependant qu’on n’entende pas autant
les lignes que la guitare joue parce que, franchement, c’était une tuerie ! J’te rappelle quand même
qu’ils sont dehors les mecs, et il fait -2 là ! On caille mais ils incendient cette place des Fêtes à
coups de « Mange ton compost dans ton tiers-lieu ». GÉ-NIAL ! La performance du quatrième
membre, consistant à fumer des clopes, boire de la bière light, faire du béton dans un coffre de bois
carré, y incruster ses cannettes vides et motiver les troupes, fait la diff’, et je suis littéralement
subjuguée par leur prestation. Je le répète : une TUERIE ! Rien à foutre du froid après ça !!
Retournons au Hall 3 pour découvrir un jeune groupe de Brighton, Porchlight. Alerte spoiler : c’est
une bombe musicale !!!! Putain, les mecs sont bons ! Très très très bons. Et pourtant si jeunes ! Leur
présence scénique, le charisme du chanteur et les notes qu’ils nous balancent te viennent dans la
gueule sans prévenir. Moi qui suis au crash barrière, je suis ébahie par ce professionnalisme et,
surtout, par leurs propositions sonores bien râpeuses et groovy à la fois. Un post-punk rockeur à
mort qui fait partir en vrille la foule ! Des sons stridents empruntés à l’indus mêlés au chant
interpellant façon « chanté/parlé », et tout à coup, ils te balancent une petite balade criarde qui te
prend aux tripes. Vraiment excellent !! Guette les s’ils passent par chez toi, sérieusement.
Cette fois-ci c’est la bonne, go to the Hall 8 pour Jan Verstraeten. D’ailleurs tu te demandes
comment je choisis mes concerts ? J’ai deux manières de faire. Soit j’écoute en amont chaque
artiste de la programmation environ 20 secondes d’une de leurs chansons au pif, et si ça attise mon
oreille, je vais les voir [parce que je déteste savoir à quoi m’attendre en live quand je connais pas],
soit j’y vais au feeling de la soirée et/ou du nom de l’artiste. En l’occurrence, c’est la deuxième
option que j’ai privilégié pour ces Trans 22 ! Faut croire que mon feeling est en phase cette année
[où que la prog est particulièrement bonne !!??]… J’arrive juuuuuste pour le début de l’artiste belge
qui se produit pour la toute première fois en France. Encore plus coolos de le voir du coup ! Plante
toi bien devant la scène, au milieu de la salle et à égale distance de chacun de ses côtés [c’est là que
le son est le meilleur !! À côté de la régie !] et observe ces lumières violetées/rosées/beigées et tout
ce que tu veux en « é ». Douce atmosphère = douce chanson ? J’te vois déjà rebrousser chemin.
Hop là mon ami, attends ! Sois patient ! Écoute ce qu’il te chante, ce qu’il te sussure, ce qu’il te crie
tendrement, tu vas pas regretter, promis ! Lui aussi vient me chercher là où je ne pensais pas être
surprise ! WOW ! Et l’accompagnement des cordes s’articule particulièrement bien dans ses
compos, si attrayantes, et avec sa voix grésillante, aussi. Sa chanson où il ramène son siège « lama »
moumouté pour nous jouer un air style « bulle nébuleuse » sur son clavier rose pâle m’a conquise.
Ce mec ne paie pas de mine mais il est sacrément balaise. Alterner moments ultra fort/super doux
pourrait nous rendre schizo ! Un génie.
Ça c’était ta soirée du vendredi soir et tu as, objectivement, fais des découvertes incroyables ! Ça
fait longtemps. Et surtout, c’est pas dans ton style habituel, plus rock/punk/psyché. Pas mal pour un
premier soir non ?
Samedi, la prog semble également très riche. Encore une fois j’arrive vers 21h30 au moment où
Grace Cummings joue au Hall 3 une musique méga psychééééééé. J’me dépêche d’arriver au crash
barriè……et merde ! Elle nous sort une guitare/voix mollassonne…et le clavier s’y met
aussi….mais nooooon !!! Pourquoi ?! Bon, j’en rajoute peut-être un peu [mais pas tellement !]
puisqu’ils ont réitéré avec leur rock bien trempé. Ces australiens ont ouvert la soirée en beauté !
C’était quand même assez captivant.
Place à Tago Mago, encore au Hall 3, un autre groupe de Rennes [ville hyper prolifique niveau
groupes émergents, au passage !] qui nous propose un réel projet original : batterie/clavier et parfois
saxo sur certains morceaux. C’est mon énorme coup de cœur de cette 44ème édition des Trans.
Magistralement psychédélique et incroyablement incroyable ! Voilà comment je résume ce duo
plein de fouge. Leur univers t’aspire vers un trou noir hors du temps où tu te laisses guider sans
craintes. Tantôt méga rock, tantôt jazzy rock, tantôt rock expérimental, tantôt tout à la fois. Un bijou
qui va devenir mon obsession des prochains mois, et la tienne aussi à mon avis !
Pour finir, je fais un petit passage au Hall 9 pour voir Birrd. Je sais, là, tu comprends pas ce virage
à 2000 degrés ! Y’a du bon électro qui n’est pas seulement du « boom boom » répétitif et j’avais ce
sentiment à propos de cet artiste rouennais. Une musique aussi bien dansante que relaxante, selon le
contexte dans laquelle tu l’écoutes. C’est fort !
Après une édition mitigée l’année passée, je venais avec quelques appréhensions quant aux projets
musicaux programmés. Quelle erreur ! L’équipe des Trans est composés d’explorateurs au service
du talent artistique. Eux même sont remplis de talents grâce aux découvertes qu’ils nous exposent
ensuite durant ces plusieurs jours de folies chaque année. J’espère que t’as aimé la balade. Va les
écouter en vrai, c’est bien kiffant !
Marie Morlier