J’ai eu le bonheur de le rencontrer dans le cadre d’une exposition ART 3 F à Nice, en septembre 2015. J’avais flashé sur son travail lumineux… Originaire du Var, cet artiste pop art et pas que (!), m’a répondu pour cet entretien riche en idées et en couleurs !
Tu es un autodidacte, cet amour pour l’art est large, des maîtres classiques au pop art… Jeune, tu es tombé dans cette passion, c’est par pur hasard ?
– Jeune, j’aimais dessiner, et j’ai été fasciné par le feuilleton télévisé « Le jeune Fabre » (1973) … Montmartre, le peintre des étoiles… avec les acteurs : Meddhi El Glaoui et Véronique Jannot… Un jour je suis passé devant la vitrine d’une galerie d art : ce fut le déclic de ce que je voulais faire ! J’ai vu un tableau simple d’art moderne : un paysage… Une fois à la maison, je l’ai reproduit : c’est un de mes premiers tableaux, je l’ai toujours !
Peintre, sculpteur, et plasticien… Tu n’arrêtes jamais, tu as des moments de calme ?
– Jamais de calme ! Même la nuit je trouve des idées… Je suis toujours en recherche d’un nouveau concept, d’idées nouvelles.
Quand tu exécutes une œuvre, qu’écoutes tu comme musique ?
– Je suis passionné de musique Je travaille souvent en musique d’ailleurs; J’écoute de la variété française, surtout Sardou, Lama, Barzotti à qui j’ai eu le bonheur d’offrir un tableau. J’écoute Otis Redding,et aussi BB King que j’ai eu l’honneur de rencontrer à New York.
Tu es un artiste proche des gens, tu as su rester abordable et humble… un certain élitisme de l’art c’est insupportable !…
– Pour moi, l’Art doit être partagé, être abordable à tous. Je suis fier d’être proche des gens, et certains acheteurs sont devenus des amis.
Tu utilises des supports différents, du métal à l’aluminium… Lequel (ou lesquels) préfères tu et pourquoi ?
– J’utilise tous les supports sauf le bois car j’y suis allergique. De plus le bois est « spécial » à travailler : le bois « travaille », et donc impossible à figer. Sinon, je n’ai pas de préférence.
J’aime travailler sur du dibon (plaque de polyéthylène), plexiglas, aluminium, PVC, toile… La toile, référence en matière d’art, est peut être le support que j’affectionne le plus.
Tu es un des premiers à avoir lancé ce style de pop art en France, il y a plus de 20 ans…
– Dans les année 90, avant le pop art, je faisais du cubisme, de l’abstrait, un peu de tout et de la sculpture. J’étais heureux d’exposer dans des beaux hôtels à Cannes (le Martinez, le Majestic, etc), grâce à mon ami Damir Levacic, président du club d’échecs de Cannes. J’ai pu rencontrer les plus grands joueurs de la planète d’échecs , tel Garry Kasparov, Viktor Kortchnoi… J’ai pu leur faire des trophées comme la fameuse partie Anatoly Karpov, et le jeune champion du monde (enfant) Français Étienne Bacrot.
Cette partie se jouait au palais des festivals de Cannes pendant une semaine, mon tableau et la remise de prix par mes sculptures après la cérémonie. J’ai vécu de grand moment pendant cette période de Cannes…
Aux alentours de 2003, j’ai utilisé des plaques de contre plaqués sur lesquelles j’ai collé des fonds de New York, puis fait des montages en ajoutant des dizaines de personnages de BD, Marvel, que je peignais, ensuite je faisais des tâches, et des coulées pour rehausser mes œuvres. J’ai fait de très grands formats… Par la suite, j ai changé le support : dibon ou aluminium par exemple, et j’ai résiné mes œuvres. J’ai utilisé pratiquement tous les personnages de BD et Marvel, au gré de mon inspiration.
Raconte-nous ton voyage aux USA, et ta rencontre avec BB KING, un grand moment j’imagine, c’était une commande spéciale ?
– Un des plus beaux souvenirs de ma vie : une de mes plus belles rencontres. Une de mes cousines, qui est américaine, elle m’a organisé ce rdv après un diner-concert où BB King se produisait en 2005. J’avais fait son portrait en cubisme, avec sa veste très colorée, pour laquelle j’avais utilisé de la feuille d’or ! C’était son style les belles vestes. Je suis resté 30 minutes avec lui dans sa loge, je me rappelle il a dragué ma cousine lol. Il a été très ému et touché par mon tableau, me disant « vraiment, il est pour Moi » ? j’ai dit oui, bien sûr ! Aussi ému que lui. Il m’a offert sa médaille qu’il avait autour du cou, et son médiator : quel honneur ! Je lui ai demandé si je pouvais « lui faire la bise ». Il m’a dit oui… Sa peau était douce, molle comme un chamallow lol . Aux USA, j’ai également entretenu une belle correspondance avec la chanteuse et femme de Louis Prima, un de mes chanteurs préférés( normal italien ) (Just a gigolo et tant d’autres tubes). Je lui avais fait un dessin de ma création, le chat Othello, qui jouait de la trompette, en hommage à Louis Prima qui était maître de cet instrument. A ma surprise, elle m’a envoyé tous les cd de Louis PRIMA. De jolis souvenirs…
Une belle rencontre avec le batteur des Scorpions !
– C’était à Cannes, quand j’exposais au kiosque des artistes. La femme du batteur du groupe est passée, et elle a vue mon travail : elle souhaitait une œuvre en rapport avec le monde des batteurs ! Son nom Rarebell (Hermann) si je me souviens bien. Je lui ai dis que j’aimerais bien le rencontrer, c est pas tout les jours qu’on rencontre un musicien célèbre, en plus j’étais jeune et fan du groupe Scorpions. (Il a été batteur de Scorpions 1977 à 1995). Il est passé peu de temps après me voir… un grand « gaillard » avec une grande veste en cuir, nous avons échangé… Sa femme est venue quelques jours après à St Raphaël chercher l’ œuvre : un mélange de batterie de casseroles avec beaucoup d objets collés sur bois, pour que ça fasse penser immédiatement à un batteur, avec beaucoup de couleurs. J’étais satisfait de mon travail, son épouse a été très contente et a beaucoup apprécié mon œuvre !
Dans tes compositions artistiques, on y trouves Jimi Hendrix, Elvis Presley, Marylin Monroe, Michael Jackson… on y voit des supers héros, des personnages de Walt Disney, à justement des clins d’œil à des artistes américains comme Roy Lichtenstein, un précurseur pop art, est ce une de tes fortes inspirations ou influences ?
– Mes influences, c’est surtout PICASSO, César, Modigliani, et Robert Rauschenberg, artiste américain impressionnant. Ses œuvres correspondent aux tableaux que j’aime avec beaucoup objets, et autres assemblages et collages, le tout avec une créativité impressionnante.
Et pour ton hommage à l’artiste écossais de pop art, Eduardo Paolozzi, est-il aussi important pour toi ?
– Je l’ai découvert bien tard, en 2018, et comme beaucoup qui ne savent qui il est. J’ai toujours cru que le pop art c’était Warhol, alors que c’est Paolozzi, lequel est même à l’origine du mot POP art ….
En effet, sur un de ses tableaux : il a « fait le son de pistolet » avec un mot qui sortait, qui faisait PoP !… Les journalistes ont alors parlé de… POP ART. Il a fait le premier collage avec « coca cola », affiche et montage de photos d’objets urbains. II a été le premier avec son équipe, Wahrol est venu le voir pour s’inspirer, et a eu plus de succès, étant plus connu dans le monde de la mode et apprécié des jeunes. Je veux lui rendre hommage avec des compositions de son style et mis sa photo dans mes œuvres.
Mettre le bleu de Klein sur un crocodile, un éléphant… Tu as trouvé la formule exacte pour obtenir ce bleu unique !?
– Ce bleu est magique. Les produits pour composer le bleu sont vendus par le fabricant qui a inventé la formule pour Yves Klein, à charge pour les acquéreurs de se « débrouiller » pour créer LA formule ! Ce n’est pas facile de bien doser : le moindre écart et vous n’obtiendrez pas ce beau bleu, cette belle lumière violette.
Chaque œuvre « bleue » doit être protégée en raison de sa fragilité : le bleu s’apparente à une sorte de poudre, fragile, qu’on ne peut toucher et qui peut se salir rapidement. C’est la raison pour laquelle il faut mettre « le vrai bleu Klein » sous cloche en plexi.
Des grandes lames de rasoirs en puzzles et peintes, comment t’es venue cette idée pour ces œuvres colorées ?
– Pour les lames de rasoir, c’est mon fils qui m’a donné l’idée. Les pièces de puzzles, l’idée m’est venue « comme ça », il y a plus de 25 ans. Au fil des années, j’ai changé les formes, et les ai agrandis. j’en ai assemblées, au gré de mon inspiration. J’ai toujours aimé les couleurs fortes, voire fluos… Les puzzles m’ont permis de laisser libre court à ma palette colorée.
En sculptures, tu conçois des grands formats de plusieurs mètres, tu trouves des clients qui ont des grands jardins…
– Pour les sculptures, j’aime en faire des grandes ! Quand je crée, je ne pense pas aux futurs acquéreurs, j’aime voir de grandes pièces, mon rêve ! Après, il leur faudra bien sûr un bel environnement. En faire une de 25 mètres de haut dans un endroit stratégique, comme le rond point de la Foux à St Tropez serait la réalisation d’un rêve ! L’idée est lancée : si un politique ou mécène lit votre article… Le monde est malheureusement frileux en matière d’art : quand on sait que la Tour Eiffel était en principe provisoire…
A Nice, l’artiste Orlinski est exposé dans la cité, sur des places publiques… Il y a des décérébrés qui ont souillés certaines de ses œuvres. Qu’en penses tu ?
– On ne touche pas une œuvre. Dégrader une œuvre, cela mérite la prison. Tu n’aimes pas, tu ne regardes pas, comme pour un programme télé, ça ne te plaît pas : tu zappes… Concernant Orlanski, je ne préfère pas en parler du tout.
Tu travailles aussi des miniatures…
– J’ai rarement fait des petites pièces, je n’aime pas créer « en petit », que cela soit des tableaux ou sculptures ça ne donne pas d’impact. J’affectionne vraiment les grandes pièces.
Tu as fait des cubes en transparents en 3 D, explique nous le principe…
– Les cubes, je les ai appelés « les 38 éléments », un concept que j’ai fait protéger, qui représente des carrés-rectangles peints sur 5 faces. Je les dispose ensuite dans plusieurs sens différents, et je les résine. Pas facile de vous expliquer, le mieux est d’aller les voir sur mon site www.sgarra.com. Pour les transparents, c’est un travail sur ordinateur, sur plexiglass.
Pour tes rencontres récentes (ou pas), lesquelles t’ont marquées ?
– Ma première rencontre BB King bien sûr. Puis Karpov, avec qui j ai eu la chance de faire une partie d’échecs. Barzotti un de mes chanteurs préférés, qui a reçu le tableau cubisme de Django Reinhardt. Aujourd’hui, je suis heureux d’être depuis quelques années l’ami de Jean Pierre Rives l’ancien rugbyman à présent grand sculpteur, et l’ami de Paul -Loup Sulitzer, l’écrivain qu’on ne présente plus.
J’ai en plus la chance de collaborer avec eux, œuvres à 4 mains avec Paul -Loup, et en ce moment Jean Pierre a la gentillesse de me prêter plusieurs de ses sculptures pour que je la « colore » avec ma patte… Plus tôt dans mon parcours, grâce à Luis Fernandez quand il était entraineur de Cannes, j’ai pu rencontrer beaucoup de joueurs de foot, dont Zinedine Zidane, à qui j’ai remis une œuvre sur une pierre lors de la célébration du jubilé de Bruno Bellone, une belle rencontre dans les vestiaire avec tout ses joueurs de Thierry Henry, Cantona, Papin, pour ne citer qu’ eux. Patrick Viera était un copain, il m’a fait découvrir le stade et rencontrer Franco Baresi, grand joueur de foot du Milan AC. Voir le stade, les vestiaires, l’envers du décor… il m’a rendu très heureux, moi le passionné de football. Rencontrer bien d’autres personnes…
Tu vis dans un havre de paix, en pleine nature, l’idéal pour tes travaux, tu as craqué en ville ?
– Oui je vis à la campagne : besoin d’espace, d’air pur, d’oiseaux, d’arbres. J’aime avoir mes animaux, dans un environnement moins pollué, fini les bouchons, et plus de calme. C’est pour cette qualité de vie que j’ai quitté le Sud de la France.
Quels sont tes travaux en cours, et dis nous tes projets à venir ?
– Mes projets en cours, je l’ai abordé plus haut : je travaille sur une grande sculpture de Jean-Pierre Rives en ce moment.
Je continue aussi à peaufiner mon dernier concept « les crayonnés ». Je transforme des objets tels un violon, une radio vintage, un tourne disque, un vieux téléphone, un vieil accordéon etc. Également des sculptures, qu’elles soient en bronze, pierre ou en fer, etc. Je les peins en blanc, puis je les crayonne en noir, avec du mouvement… Je les transforme comme si c’était un dessin en papier. J’en ai déjà réalisé une trentaine, je m’attaque à présent à de grandes sculptures comme un cheval de manège, un solex, une voiture de sport… Je vais aller encore plus loin !
Mon rêve : crayonner une maison, un wagon, un avion, une voiture de formule 1, etc… appel à candidature lol !
Des dates d’expositions, et des salons d’art contemporains prévues pour cette année, 2024 ?
– Je prévois quelque chose à Los Angeles… à suivre… (voir les informations sur mon site, fb et insta).
Des mots pour la fin de cet entretien fort riche en couleurs et en idées !
– Merci à toi JACK pour ta gentillesse, ta passion pour la musique, ton œil critique. Merci du fond du cœur du passionné d’art que je suis. Dans la vie, il faut des passions et il faut les vivre à fond. Alors fonçons !
Et merci beaucoup à toi ROBERT, pour avoir pris le temps afin de nous faire découvrir, rêver, voyager…
Jack LALLI (NICE)
Contact Robert SGARRA :
Sur fb et instagram