Octobre fut un sacré mois, après le sublime album de Nicolas Comment, Lafrange arrive avec son ‘nobody else will ever see me naked’ qui est un must du genre. Bref on vous laisse avec notre sélection d’albums et leurs chroniques.

🔺LAFRANGE – ‘nobody else will ever see me naked’

Alors que j’avais découvert La Frange avec le sublime titre “La peau”, je me demandais ce que allait donner l’album de cette artiste qui m’avait touché à ce point, le tout étant suppléé par un clip qui touchait juste, avec ce chaperon rouge en perdition.

Et pour le coup, l’album fait mouche, pas de soucis, du début à la fin, chaque titre est sur le fil d’une émotion palpable. Pas de grande puissance vocale, mais un jeu sur le souffle, un chant avec une belle étendue vocale proche de Kate Bush ou Joni Mitchell, un flow limpide mais ouateux, agréable du début à la fin de l’album. Une personnalité vraiment singulière, qui contrôle et affirme, mais sans brusquer, et transmet une large gamme d’émotions. La voix est la raison qui fait que cet album est au-dessus de beaucoup.

Mais je vous rassure de suite, les compositions sont également superbes, même si nous sommes dans une musique assez soft, La Frange sait rendre son album fluide. Et du superbe “Don’t Die” au ( faussement ) pétillant “Friends”, on se balade dans un narratif établi avec goût. On est pris par la main et c’est tant mieux. L’album surprend vraiment par la maturité qu’il exprime. Chaque son de guitare de synthé, chaque batterie est à sa place et on voit mal ce qu’on pourrait reprocher. Le son de guitare de “Would You?” permet à la voix d’arriver avec toute sa majesté, et je pourrais décrire plein de moments subtils de ce genre.

La Frange réussit ici son premier long format, avec un album qui s’écoute comme un storytelling émouvant et discret, emprunt d’un vécu qui lui colle à la peau. Une richesse de composition et d’arrangements offrant à sa superbe voix un magnifique terrain d’expression, un bijou.

Note : 19/20

🔺 MEHDI CAYENNE – Animal Chic

Mehdi est sans aucun doute l’un des meilleurs performeurs scéniques que je connaisse. Un véritable « MacGyver » de la musique, capable d’arriver avec une guitare et de surprendre la foule. Mehdi Cayenne est un peu le fils illégitime de Beck et des Rita Mitsouko, certains le rapprochent de M, mais Mehdi est bien plus lo-fi. Je l’avais découvert grâce à l’excellent titre « Fultone ».

Le nouvel album, de toute évidence, est très soigné. On ressent l’expertise derrière chaque note. L’album a un aspect plus poli que sa performance scénique, mais en même temps, il est plus riche du point de vue de l’orchestration. Les paroles sont très humaines, explorant la dualité de chaque être, il y a un côté très fédérateur. Et je pense que c’est la force principale de l’album.

Ce qui distingue Mehdi, c’est sa capacité à créer son propre univers, un monde cosmopolite empreint d’une approche « Do it yourself ». Son style poétique peut parfois désorienter l’auditeur, les chansons sont comme des boîtes à surprises. Sa voix fait des merveilles, et il est parfois difficile de croire qu’en live on a le droit à la même performance, mais c’est vraiment le cas.

Mehdi Cayenne nous offre donc un album qui, à première vue, peut sembler moins accessible qu’il ne l’est réellement. Les choses ne sont pas immédiatement évidentes, et il faut entrer dans son délire et rester ouvert d’esprit. Je pense que c’est là le paradoxe de Mehdi, il est un véritable showman, et ici, il nous livre un spectacle. Il faut l’accepter tel qu’il est, et une fois qu’on le fait, on embarque dans son barnum d’émotions.

Ce qui manque à cet album, c’est peut-être un son plus puissant. Quand on prend le temps d’écouter, on réalise que les orchestrations sont vraiment variées et habiles, mais ce détail nuit un peu à l’expérience. C’est vraiment dommage.

L’animal chic de Mehdi possède quels sublimes trésors comme le titre “Vengeance”. Aussi fédérateur que virtuose Mehdi dévoile ici son monde avec un album plus incisif que ses précédent opus, une évolution salvatrice.

Note : 14/20

🔺Le Spectre – Future Primitive

Le Spectre, le projet électronique du producteur parisien Yann Levasseur, nous emmène dans un voyage à la fois angoissant et sensuel dès le début, notamment avec le magnifique « Colder Tide ». L’ensemble de l’album conserve cette même esthétique quasi chirurgicale, démontrant une maîtrise des ambiances digne des bandes sonores des films de Carpenter.

Tout est remarquable, créant une expérience presque hypnotique. Le deuxième titre, « Eyes Sunburn », en collaboration avec Milton X, rappelle quelque peu Massive Attack avec Horace Andy, mais avec une touche distinctive. Les duos sont parfaitement mis en valeur, que ce soit très dansant  « Finishing Line » avec Emma Broughton ou les superbes contributions de Charlotte Savary et AnaRago sur le titre éponyme “ Future Primitive”. Yann Levasseur est donc un hôte qui sait y faire avec son monde, . 

Cependant, après un certain temps, malgré le travail remarquable, une certaine froideur s’installe un peu trop et peut devenir lassante. Cependant, il s’agit incontestablement d’une question de goût, alors ne vous laissez pas influencer par mon impression. Bien que le projet ne soit pas gothique, il arbore une esthétique indéniablement froide. Il se peut que je n’étais tout simplement pas dans l’état d’esprit approprié à ce moment-là. Néanmoins, je reste ébahi par la production impeccable, elle est sans faille.

L’album crée l’impression d’une chute émotionnelle constante, mais c’est vers la toute fin, avec le captivant « The Secret », que le projet nous offre un titre d’une simplicité incroyable, évoquant l’atmosphère du groupe Cranes. Une voix presque enfantine vient toucher nos émotions, sa ligne mélodique évoquant par moments une sorte de comptine destroy. L’album est irréprochable et mérite tout votre intérêt.

Note : 14/20

🔺 Komodrag and the Mounodor – Green Fields of Armorica

Ah je l’attendais celui-là, et avec impatience en plus, on vous avait déjà parlé de cette improbable réunion de 2 groupes Komodor et Moundrag. Et mon dieu que ça sonne, c’est incroyablement bien. Le son est littéralement bluffant, on dirait clairement que le groupe est sorti d’une capsule temporelle. Un de nos rédacteurs va se charger de chroniquer, car je n’ai pas sa culture en rock 70 ‘s. En attendant on vous conseille d’aller jeter une oreille attentive. Pour ma part je suis conquis .

Note : 14/20

🔺 THE STREETS The Darker The Shadow The Brighter The Light

The Streets, célèbre pour ses récits de la vie urbaine banale, ses albums narratifs et sa contribution à la scène UK garage, a toujours adopté une approche romanesque envers la musique. Malgré cela, il a fallu du temps à Mike Skinner pour réaliser son premier long métrage, écrivant, réalisant, jouant et produisant le film et l’album qui l’accompagne, tous deux intitulés « The Darker The Shadow The Brighter The Light ». La structure a toujours été essentielle dans les projets de The Streets,.

Le flow est agréable, mais il manque pas mal de chose à mon avis, je suis moins sous le charme que pour les albums précédents, c’est juste agréable.

Dans l’ensemble, The Streets n’atteint pas le niveau de ses œuvres les plus remarquables, mais il reste au-dessus de la moyenne de la plupart des artistes. Malgré quelques moments décevants, l’album témoigne du retour de The Streets, et j’en suis content il nous avait manqué.

Note: 13/20

🔺 GLEN HANSARD – All That Was East Is West Of Me Now

Entre le très bon et le mauvais. Tout commence avec une chanson que je qualifierais de lourde et dépourvue d’intérêt.

Le deuxième titre, quant à lui, débute très bien, dans un style radicalement différent, frôlant le rock indépendant puis après ça se perd en conjecture.

Par la suite, l’album nous réserve des moments calmes et sublimes, à la manière des Tindersticks, tandis que d’autres titres se noient dans une surcharge d’émotions. Malgré une belle voix, l’excès d’émotion devient indigeste et nuit considérablement à la qualité musicale globale de l’album.

Cependant, certains morceaux se détachent positivement, tels que le très bon « Sure at the Rain, » partiellement en français d’ailleurs, et « Between Us There is Music. » En fin de compte, ma conclusion de cette écoute est mitigée. J’ai traversé des hauts et des bas, ce qui est dommage car l’album comporte malgré tout de très beaux titres.

Note: 10/20