Ascension fulgurante pour les frenchies de MØ-NØ, qui signent d’entrée de jeu l’ambitieux EP Debbie, garni d’une pop onirique, synthétique et ciselée qui aurait sa place sur grand écran. Retour sur des débuts prometteurs avec Lena et Mattéo, duo « fusionnel » aux fresques electronica déjà bien remarquées à travers la France.
Par Palem Candillier
Quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler ?
MØ-NØ existe seulement depuis octobre 2022 et on a eu la chance d’avoir très rapidement une équipe autour de nous qui nous a soutenu, ça nous a permis de faire de très belles dates. C’est aussi le résultat d’un travail de plusieurs années entamé avec notre groupe précédent (Nobody’s Cult). Mais ça reste le tout début. Il y a encore beaucoup de choses à faire. On est en train de bosser sur des nouveaux titres.
Justement, comment s’est passée la bascule vers ce nouveau projet ?
Pour commencer, on a dû passer de 4 à 2 musiciens en changeant d’instruments assez radicalement. On était en quatuor rock, guitare, basse, batterie (avec la harpe comme instrument atypique), avec MØ-NØ on s’est intéressés aux synthés et aux boîtes à rythmes. On a changé de style aussi, nos influences sont plutôt du côté de Bjork en ce moment, donc dans les sonorités électroniques. Il a fallu aussi intégrer le logiciel Ableton pour la partie live. Au départ, on n’avait pas forcément prévu de jouer sur scène. C’était davantage un truc de chambre pendant le confinement et tout d’un coup le challenge c’était de jouer les morceaux devant du public alors qu’on avait enregistré plein de sons en vrac, piste par piste. On a donc décidé d’utiliser des séquences. Mais c’était pas forcément destiné à avoir ce trajet là. Au début, c’était le projet de Lena. Elle avait plein d’idées, de morceaux de maquettes de son côté et comme l’année 2020 a été difficile personnellement, elle a eu envie de concrétiser des idées. On s’est mis à travailler ensemble, coupés du groupe, on a réarrangé ces chansons. Petit à petit, ça a fait son chemin, les gens à qui on faisait écouter nous encourageaient à en faire quelque chose, et quand notre groupe s’est séparé, on a pris cette voie.
Crédit photo : DR
En écoutant votre EP et en voyant vos photos, je me suis dit qu’il y avait un côté cinématographique et plus particulièrement une vibe « générique de James Bond » dans MØ-NØ.
Pour les premières photos, on s’est inspirés de clichés de mode. Mais on est très fans de Wes Anderson par exemple, et on s’est entourés d’une d’une très bonne équipe qui était complètement raccord avec ce qu’on voulait visuellement. Après, le côté ciné de notre musique n’était pas forcément volontaire au départ, mais effectivement on a remarqué assez vite qu’on évoque des images ou qu’on se représente un univers visuel au moment de composer une chanson. Ça nous arrive aussi d’arranger les titres de façon orchestrale, parfois avec plein de couches de synthés, de nappes.. Parfois on charge beaucoup, ça peut donner cette impression.
Comment s’est passé votre passage aux Bars en Trans ? Est-ce que ça vous a donné la sensation de passer une étape importante ?
On n’avait jamais joué à Rennes mais les gens là-bas ont été extrêmement attentifs à ce qu’il se passait sur scène. Il y avait une super écoute, d’autant qu’on était sur la playlist Spotify des Bars, ce qui nous a donné beaucoup de nouveaux auditeurs, je pense que les gens se rencardent et se déplacent pour voir ce qu’on fait. Ça a été une très belle exposition.
Quelle est votre influence musicale la plus éloignée de ce que vous faites ?
(Lena) J’écoute très régulièrement du fado, par mes origines portugaises, ça m’influence beaucoup dans ma manière de chanter, depuis longtemps.
A quoi s’attendre en 2024 pour vous ?
L’idée principale serait de sortir un deuxième disque à l’automne. Côté dates, on jouera le 25 mai au Supersonic Records. Cette année, on vise surtout des festivals et les premières parties pour élargir notre public.
Avez-vous déjà une idée de l’évolution de votre musique ?
Depuis le début, on laisse venir, on ne s’impose rien, même au niveau des arrangements. Pour l’instant, ça reste varié en termes d’énergies. C’est important pour nous de ne pas s’ennuyer à écouter notre propre musique et à la jouer. On fait en sorte qu’il y ait toujours une petite surprise par morceau. Ce qui est différent cette fois, c’est qu’il y a des morceaux pour lesquels on a fait le chemin inverse du premier EP : partir du live pour adapter au studio. De cette façon, ils ont eu le temps de bien évoluer et ça donne autre chose.
MØ-NØ, Debbie, Noa Music, 20 octobre 2023