Après 2 LP aussi remarqués que remarquables, c’est un hold-up, une déflagration que ce 1er album de Bandit Bandit qui continue de faire parler la poudre tout en explosant le coffre de la pop française caché dans la chute de Niagara. Maëva Nicolas et Hugo Herleman passent aux aveux pour BEST.

Par Bruce Tringale

Commençons par les félicitations 11 :11 est un grand disque qui rappelle que les plus grands albums de rock ne dépassent pas les 40 minutes.
Hugo : On s’est dit que l’on recherchait l’efficacité, le choc frontal. On développera sans doute plus en live. Ça va être une belle fête, sans le COVID cette fois.

En parlant de choc frontal, Toxique Exit un incroyable titre d’ouverture !
Hugo : La claque d’entrée !

Maëva, tu y chantes J’ai trouvé la force, je suis devenue féroce. Ta voix a pris beaucoup d’assurance. Maëva : Avec Azzedine Djelil notre arrangeur, j’ai pris le temps d’explorer d’autres tessitures de ma voix, quelque chose de plus chaud, de « plus velours », un juste milieu entre quelque chose de fragile et d’assuré. Il m’a fallu du temps pour savoir qui j’étais, avec tous ces mecs derrière moi. Les tournées ont fait sortir le papillon de sa chrysalide.
Hugo : Maëva est plus présente dans ses interprétations, c’est beaucoup plus profond qu’auparavant.

Crédit photo : Christophe Crénel

Vous avez fait la 1ère partie de Clara Luciani. Est-ce à son contact que vous avez développé cette fibre pop que l’on entend dans Des Fois ?
Hugo (rires) : On n’était pas d’accord avec Maëva, elle ne voulait pas de ce titre au début. Il s’est imposé par la suite : on ne voulait pas faire de la redite, c’est un nouveau chapitre de Bandit Bandit qui commence. Le rock on connait ses codes mais quand on a fait les Francofolies, on a découvert des artistes incroyables comme Chien Noir qui signe le dernier titre de l’album : Méchant Garçon. D’avoir trainé avec ces gens-là nous a bien plus inspirés que d’écouter du rock.
Maëva : Cet album on l’aime de bout en bout. On n’a jamais envisagé de faire plus mainstream. On avait peur que notre public nous accuse d’avoir vendu notre âme. On l’a réécouté la veille de sa sortie et on l’assume !Nous avons toujours eu la prétention de rallier la chanson française à notre passion pour le rock.  J’ai une playlist chanson française de 15 h : Starmania, Balavoine, Aznavour. Clara est devenue une amie, elle nous a touchés en plein cœur, on a adoré ouvrir pour elle.
 

Hugo, ta guitare laisse la place à des intros plus construites autour de la basse-batterie comme sur Si j’avais su ou La marée.
Hugo (content) : Hazzedine nous a encouragés à nous lâcher en studio, on a beaucoup travaillé les sons de guitares. J’ai effectivement beaucoup composé à la basse pour accentuer le groove. On voulait faire danser notre public.

Pyromane est un titre remarquable ! Certainement le plus érotique de votre répertoire !
Maëva : C’est notre titre préféré sur scène. Je roule des hanches, j’assume plus cet effet de la musique sur mon corps, sur ma sensualité, sur ma sexualité.

Les guitares ont aussi beaucoup gagné en  vocabulaire : on passe de celles de Garbage au Fame de Bowie sur La Montagne.
(En chœur) : Oui ! Garbage, c’est une évidence ! On a beaucoup écouté Bowie et aussi le dernier album de Saint Vincent à la Prince ; on adore ! L’album de Birkin avec Daho a beaucoup tourné avec ceux de Mind MGMT. Niagara aussi.

On souhaite à La Marée Monte et L’orage est passé, le destin de Pendant que les champs brûlent !
Hugo : Merci ! Tu vois ces titres ont été composés dans  l’esprit The Jesus & Mary Chain et en les arrangeant, ils ont progressivement glissé vers du Niagara.

Vos idoles The Kills reviennent avec un nouvel album.
Hugo : C’est quand ils veulent pour nous prendre en première partie !
Maëva : Ils ne se perdent pas, ils gardent le contrôle de leur disco. Alison, son flegme, je l’admire tellement. Juste leur pochette avec la corrida, beurk !

Shaka Ponk arrête sa carrière, La Femme tourne à l’étranger : vous êtes prêts à devenir le nouveau plus grand groupe de rock français ?
Hugo : Pourquoi pas ! (rires).  On se donne du mal pour remettre du rock à la radio. Shaka Ponk, on n’est pas fans. La Femme a une carrière remarquable, ils font ce qu’ils veulent, ils sont même plus connus à l’étranger qu’ici. Une démarche très punk. Sinon, pour répondre à ta question, oui, on est prêts à assurer la relève !

Bandit Bandit, 11:11, sorti le 29 septembre 2023