Rock Memories par Olivier Boscovitch et Marc Dolisi

Encre Rock – 96 pages – Sortie le 3 octobre – 19€

Un article de Bruce TRINGALE

L’an dernier sortait Rock Stories 2 de Laurent Charliot, que votre serviteur avait eu l’honneur de préfacer. Il y était avancé que le rock était une religion et que nous en étions ses apôtres, avides d’histoires, de récits moraux ou immoraux, beaux ou pathétiques, de ce Dieu aimant, destructeur et jaloux.

Voilà ce que sont ces Rock Stories : des faits et des gestes commis par des demi-dieux et déesses qui nous ont fait chanter, danser, rêver… Des millions d’entre nous ont voulu vivre en rock, tout plaquer, tout tenter au rythme d’hymnes, de refrains et de slogans : « Vivre vite, mourir jeune », « J’espère crever avant de devenir vieux », « Sexe, Drogues et Rock’n’Roll », « Né pour être sauvage », « Imagine», « No Future » ou « Viens comme tu es ».

Ce Rock Memories pourrait être la continuité dessinée de Rock Stories. Illustrées façon comics dont la colométrie éveillera la nostalgie des adeptes des dessins de Thierry Guitard de Rock’n’Folk, voici des récits hauts-en-couleurs mettant en scène de célèbres rockers souvent en situations d’affrontements : Debbie Harry Vs le psychopathe Ted Bundy, les Stones Vs le sociopathe Donald Trump (!), John Lydon Vs son futur groupe et manager, Kurt Cobain contre lui-même et l’incroyable récit de la psychose paranoïaque de Bowie à Los Angeles, sauvé de la coke…par un désenvoutement !

Le rocker aguerri connaissait déjà ces récits via la presse rock (ou Rock Stories, j’insiste…), Rock Memories en propose les images. Le découpage y est si fluide, si enragé que c’en est presque un dessin animé de références pop et cinématographiques. Une expérience sensorielle intense où la majorité des dialogues provient de paroles de chansons en rapport avec le satanisme, la folie, la drogue ou la politique. L’album gagne en art rock ce qu’il perd en naturel, le lecteur ayant parfois l’impression de lire un livret de comédie musicale.

Présentées par l’homme de l’ombre, un Swan aux contours d’un Jim Morrison passé du côté obscur, ces Mémoires Rock déferlent en fondu enchainé à un train d’enfer alimenté par la folie, la sueur, le sperme et le sang. C’est fort, rapide et bien trop court. Comme une litanie punk, un préliminaire jouissif ou la vie d’un membre du club des 27.
La BD terminée, voilà le lecteur immédiatement prêt à pactiser avec le Diable qu’il s’appelle Iggy, jim ou Alice, pour retourner du côté de chez Swann lire le chant du cygne de ces idoles crépusculaires.