Le vieux serpent a encore entamé une nouvelle mue. A 76 ans, le Cooper de tête ne montre aucun signe de fatigue en attaquant ce mercredi deux octobre, le zénith parisien.
On le sait : un concert du Coop’, c’est toujours le même film d’horreur : Alice parade en égrenant sa collection de tubes, use de son épée sur « Billion Dollar Babies », de sa béquille sur « I’m Eighteen » et de sa camisole sur « Ballad of Dwight Fry » avant d’être guillotiné, non sans avoir poignardé et/ou étranglé une infirmière sadique jouée par sa femme, depuis maintenant cinquante ans

Oui, mais chez Alice tout est dans la mise en scène et il avait décidé de bazarder celle qui avait fait son temps depuis « Brutal Planet », il y a désormais plus de 20 ans.
Oui. A cet égard, le show d’hier était sans doute le plus frais du showman qui aura fait sa devise du « Plus ça change, plus c’est la même chose ».


Ouverture sur fond de Fake News, écran géant, superbes compositions visuelles et une scenographie qu’il a importée de ses Hollywood Vampires, le Alice Cooper Show est comme d’habitude un spectacle global capable de faire bander le néophyte et sangloter le Cooper Fan, émoustillé d’entendre autant de titres rarement voire jamais joués sur scène : entrée sur « Lock Me Up » de Raise Your Fist and Yell, l’album qui, peu avant le carton de Trash, consacrait le retour en chair et en sperme d’un Alice revenu du territoire des ombres et de la dope.

Ce n’est pas fini : « Bed of Nails » injoué depuis Alice Cooper Trashes the World, « Lost in America  » du miraculeux concept album The Last Temptation et « Snakebite » oublié depuis le Zénith d’octobre…1991 ! L’occasion pour lui de ressortir le Boa sûrement moins satanique que ce vieux sorcier à la silhouette affutée et à la voix intacte (mais comme d’habitude sous-mixée dans une balance souvent stridente).
Nous pourrions même arguer qu’hier, les parisiens ont probablement entendu la meilleure version de « Dwight Frye » jamais interprétée en live, avec des hurlements qui feraient blêmir le jeune Alice de Love It To Death.

Tout n’était pas parfait, certes : Cooper tourne à peu près autant que Bob Dylan qui avait dit de lui qu’il était un songwritter remarquable. Si Nita Strauss est le soleil noir du théâtre de l’horreur d’Alice, on ne peut pas en dire autant de Tommy Herniksen souvent à la masse sur les rythmiques face à un Ryan Roxie inhabituellement en pilote automatique.

Le show se termine avec le désormais medley de « School’s out’ et « Another Brick in the Wall » de son copain Roger Waters, dans un Zénith à moitié vide. Pas grave, ceux qui étaient là auront eu le coeur gonflé d’amour sans filtre pour ce magicien noir encore capable de tout.
S’il pouvait désormais finir sa carrière en interprétant « Dada », « Special Forces » , « Pass the Gun Around » et surtout « Former Lee Warner », nous pourrions encore lui fournir quelques subsides d’âme pour le rassasier…

BRUCE TRINGALE