Après avoir sorti son premier EP « Inconsistent People » qui ne nous a pas laissé de marbre. On a eu la chance de discuter avec BLANK, elle nous a raconté sa vie, son œuvre. Rencontre avec une artiste qui ne mâche pas ses mots et qui ne passe pas par quatre chemins, qui ne cherche pas à nous plaire, mais plutôt à nous parler.

Tu as toujours été immergé dans le monde de la musique. Peux-tu nous raconter ton parcours ?

J’ai commencé la musique très jeune et, à l’âge de 18 ans, j’ai quitté la France pour m’installer en Angleterre à Brighton. J’y suis restée une dizaine d’années, période pendant laquelle je suis devenue régisseuse son. J’ai participé à plusieurs groupes punk et post-punk, occupant différents rôles tels que la guitare lead, la batterie, le front, etc. Je suis rentrée en 2020, c’est à ce moment-là que j’ai débuté BLANK.

J’ai vraiment apprécié le son de ton EP, il est rugueux. J’imagine que c’était un choix délibéré. Vers quel type de son voulais-tu t’orienter ?

Il y a surtout eu des contraintes techniques que j’ai essayé de maîtriser pour parvenir à des sons qui m’influencent et m’inspirent. Paul Morvant-Delourme (Unschooling) a apporté sa touche au mix.

Tu m’as dit que tu n’avais pas envie de t’attarder sur tes compositions lors de l’enregistrement. Est-ce une crainte de perdre la spontanéité de leur création ?

Il y a de cela, mais aussi le fait que je suis une personne peu patiente et quelque peu fainéante… Je m’installe devant mon PC avec mes instruments, compose assez rapidement, ne reviens pas souvent dessus, et l’interprétation évolue ensuite en live. C’est pourquoi je repousse au maximum l’enregistrement, car à ce stade, les chansons semblent figées dans une certaine intention. Je préfère que les chansons prennent vie en live plutôt que sur un CD.

On ressent une certaine urgence dans ton EP. D’où vient cette urgence ?

Cela découle de mon impatience générale. J’ai le sentiment d’avoir déjà perdu assez de temps et d’avoir beaucoup à dire, donc je n’ai pas de temps à perdre à tergiverser.

Tu as une culture musicale impressionnante, que ce soit en termes de son ou de musique. Qui sont les artistes qui t’inspirent ?

C’est très diversifié et cela prendrait des heures à explorer, comme tu as pu le constater au téléphone, ahah… Disons que mes inspirations vont de Shellac à Ashnikko, en passant par Ariana Grande, Kae Tempest, The XTC, Gilla Band, Ellie Dixon, Tropical Fuck Storm… Je m’immerge dans une large variété musicale, appréciant simplement ce qui me touche.

Lors de notre discussion, tu as abordé le problème d’être une femme dans ton milieu. Pourrais-tu expliquer la différence entre un abruti d’élitiste et un connard de misogyne ?

En général, ces deux traits vont de pair. Ce sont souvent des hommes cis hétéros qui compensent un manque d’affection en pratiquant le gatekeeping. Comme on dit, « kill them with kindness »… ahah. Ils tentent de rendre inaccessible une partie de la culture (ou d’une pratique professionnelle comme le son, par exemple) pour se donner de l’importance. En réalité, c’est juste triste à mes yeux. J’espère que ma musique les mettra mal à l’aise 🙂