Quand j’imagine la génèse de Gliz, je me vois gamin à regarder le clip « Love is All »
de Roger Glover, et sa grenouille barde. Je me dis que, tout comme elle, le chanteur
Florent est parti en fôret un matin, qu’il a ramassé un banjo puis croisé un mec avec
un soubassophone et qu’un batteur est venu compléter le tableau. Et bien figurez-
vous que c’est presque ça ! Rendez-vous avec un groupe perdu quelque part entre
Led Zeppelin, le rock indé et le chamanisme, l’antimatière.
Y-a-t ‘il une ligne directrice à cet album ? Et si oui quelle est-elle ?
Contrairement au 1er album, il y a vraiment un fil d’Ariane entre les morceaux, fil cristallisé
par Mass, la créature qu’on retrouve sur la pochette et dans les clips. C’est un être
surnaturel, sorte de divinité hirsute païenne sortie du fond des âges ou sortie du fond des
rêves. Visuellement, Mass est inspiré des Kukeri, personnages des carnavals des pays de
l’Est, qui viennent frapper aux portes des maisons à la sortie de l’hiver pour chasser les
mauvais esprits et annoncer le retour du printemps. L’album oscille justement entre l’énergie
noire de la mélancolie hivernale et l’espoir chaud et lumineux du printemps.
Cet album semble plus abouti que le précédent, le ressentez vous ?
En tout cas, on a clairement passé plus de temps sur les compositions, le son, la production,
et les arrangements. Par exemple, on a gardé seulement 10 morceaux sur les 30 qu’on avait
créés depuis “Cydalima”.
Qu’entendez vous quand vous dites que l’album est “une réalisation familiale” ?
C’est notre ingénieur du son et ami, Johan Collovald, qui nous suit sur la tournée qui a
enregistré l’album. On a fait ça dans son studio “Le Vibraphone” et au studio “La Corbière”,
une ferme du 18ème complètement isolée dans la forêt jurassienne chez un ami où on avait
déjà enregistré notre 1er EP.
Le fait d’enregistrer en « Gliz family » nous a laissé le luxe du temps ainsi qu’une plus grande
liberté sur cet album, c’est indéniable.
Feriez vous la même musique si vous étiez dans un cadre de vie différent ?
Les paysages dans lesquels on évolue ici, au milieu des forêts, des combes et des
montagnes, infusent forcément dans la musique. On ne joue pas de la musique des plaines,
ou des villes, clairement. En prêtant l’oreille, on doit pouvoir entendre des échos de reliefs,
de feuillages, de ruisseaux et d’orages du Jura.
Il y a chez vous un côté presque religieux voire mystique quand on étudie vos
paroles, c’est assumé ?
Complètement, certains titres sont comme des incantations, des prières. Non pas dans un
cadre religieux classique mais plutôt comme une aspiration à la transcendance, une
nostalgie du mystère et du sacré d’autrefois qui a été chassé loin de nous par le rouleau
compresseur de la modernité et de la technologie. Mass, notre animal-totem, traverse les
titres et les clips en totem halluciné escaladant notre chaos moderne pour nous guider et
nous ramener vers le sauvage.
Brian