Et une année de plus, une ! Et pas des moindre puisque les Trans soufflent leur 45è bougie. Presqu’un demi siècle de défrichage musical toujours plutôt réussi. D’ailleurs c’était leur conférence de presse jeudi matin pour dévoiler la programmation pour cette édition 2023. Place de la Mairie, hall d’entrée de l’Opéra. Il fallait pas moins pour cette année riche en découverte. Encore une fois. Comme une traditionnelle conférence c’est le directeur délégué Erwan Gouadec qui la débute en (re)présentant l’asso des Transmusicales et surtout leurs actions mises en place au fil des années au bénéfice des artistes et des publics. C’est vrai qu’ils sont assez engagés envers la scène émergente avec, par exemple, la « Tournée des Trans », une aide à la professionnalisation des artistes. Pour rappeler ce que représente la grosse machine des Trans, juste durant le festival qui se déroulera du 6 au 10 décembre prochain ce sera plus de 80 groupes issus de 35 pays où 8 créations originales seront mises sur pied, et ça dans 18 lieux investis sur le territoire rennais. Et cette année, si on ne compte pas les artistes français, principalement rennais, c’est la Suisse qui sera majoritairement représentée avec pas de loin de 10 formations !
Côté « autour du festival » et les fameuses « contraintes » écologiques et sociales imposées (par chance !) aux événements culturels depuis quelques années, et allant en s’intensifiant, les Trans n’y coupent pas. L’asso fait énormément d’efforts pour s’améliorer et répondre aux attentes des organismes publics. On sait tous qu’une grosse machine comme ça est lourde et donc difficile à manœuvrer dans les nouvelles eaux écolo. Y’a vraiment de bonnes idées comme la valorisation des déchets issus du festival, l’économie plus locale et la mobilité plus douce. Y’a même une contribution environnementale reversée à Terre de Liens et Compagnons Bâtisseurs Bretagne (plus de 17.000€ en 2022 quand même !) pour participer au financement de projets éco-responsables. C’est super. Vraiment. Mais au final, c’est par la générosité des spectateurs (don de leur consigne par exemple) qu’ils reversent cette aide. Quel est donc le réel investissement du festival puisque tout ou presque vient des publics ? Autre point concernant les déplacements. Ils prônent et favorisent la mobilité douce et pourtant ils se déplacent un peu partout (France et étranger) pour aller découvrir les groupes qu’ils programmeront sûrement. Très bien. Mais comment y vont-ils ? Sûrement pas à vélo malheureusement. Je ne critique absolument pas, je relève ces petites incohérences. Pareil pour la vaisselle réutilisable. Génial ! Mais qu’en est-il des déchets plastiques générés par les bars, la bouffe achetée en gros, etc. Ils prônent le local. D’accord. Quid des méga sponsors qui jouent sur la scène mondiale en vendant des produits médiocres alors que pleins de producteurs du coin pourraient fournir le précieux liquide ? Et eux aussi peuvent fournir le matos pour servir le Saint-Graal 😉 En aucun cas je leur tire dessus. Et je m’excuse si quelqu’un s’est froissé à la lecture de ces lignes. J’essaie, au moment où je les écris, de mettre en lumière ce qui est encore à changer. Gros événement = grosse consommation énergétique. Dur de réduire quand tant de choses ne tiennent qu’à un fil.
La culture est fragile et la scène émergente a besoin d’événements comme sait le faire l’association des Transmusicales. On ne peut que les en remercier d’ailleurs. Ils sont indispensables au maintien de la diversité artistique au sein de la scène actuelle. Comment soutenir cette scène sans une structure qui a les moyens de le faire ? Mais faut-il encore obtenir ces moyens. Ceux distribués par les organismes publics. Ceux qui nous disent de faire comme ci et comme ça mais qui octroient leur argent à des acteurs pas toujours au top niveau environnement (et autre…). Double discours bonjour ! Bref. Revenons à la prog qui va faire des étincelles cette année. Franchement, elle est bien équilibrée entre les genres, sauf pour ceux qui apprécient le rap qui n’est pas vraiment représenté. Pour cette édition 2023, y’en a plusieurs qui me font de l’œil. Y’a Planet Opal (électro pop, Italie, samedi 9 décembre, le Liberté) qui peut littéralement mettre le feu, tout dépend à quelle heure ils seront programmés. Le duo japonais Moja (free rock, Japon, vendredi 8 décembre, Hall 3 Parc Expo) a l’air de sortir du gros son qui fera trembler tes entrailles. Yeah ! L’artiste lituanienne Monikaze (electronica techno, Lituanie, vendredi 8 décembre, Greenroom Parc Expo) propose une musique un peu dark assez intéressante qui mérite le déplacement selon moi, tout comme Bam Bam’s Boogie (électro soul, basés en Allemagne, samedi 9 décembre, Hall 8 Parc Expo) qui fait dans l’instrumental. Le trio pourrait t’amener à la transe avec ses rythmes assez singuliers. Autre ambiance assurée avec Julian Mayorga (cumbia psyché, Colombie,
vendredi 8 décembre, Ubu) et sa cumbia pop psyché complètement dinguo ! Si t’aimes la musique plus calme alors je te conseille la harpe entraînante de Cerys Hafana (folk, Pays de Galles, du 8 au 10 décembre, Opéra de Rennes) ou même Raül Refree (post-classique, Espagne, du 8 au 10 décembre, Opéra de Rennes) et son experimentation du classique. Deux beautés auditives très très intéressantes.
Pour rentrer dans le vif du sujet (et de mes goûts) je ne peux que vivement te dire d’aller voir Chalk (post-punk noisy, Irlande, samedi 9 décembre, Hall 3 Parc Expo), Heavenphetamine (krautrock psyché, Japon/Ukraine, samedi 9 décembre, Hall 8 Parc Expo), le groupe déjanté Thumpasaurus (rock, USA, vendredi 8 décembre, Hall 8 Parc Expo), mes chouchous les Dynamite Shakers (rock, jeudi 7 décembre, le Liberté) ou Kabeaushé (electro pop, Kenya, vendredi 8 décembre, Greenroom Parc Expo) qui te happe avec sa musique super cool. Dans les « pourquoi pas », parce que oui faut se laisser tenter si on veut être surpris, voici ma petite liste :
- Twende Pamoja (vendredi 8 décembre, Hall 9 Parc Expo) et son ambiance afropop à tendance reggae
bien cool - Sextile (jeudi 7 décembre, hall 8 Parc Expo) qui doit être incroyable en live
- Yalla Miku (mercredi 6 décembre, Ubu) et son rock arabisant
- Concombre (vendredi 8 décembre, Hall 8 Parc Expo) avec son dark jazz vraiment pas mal
- Creeds (samedi 9 décembre, Hall 9 Parc Expo) qui crée son spectacle spécialement pour les Trans… ça
va taper du pied !! - Flore Laurentienne (jeudi 7 décembre, Hall 8 Parc Expo) où la nature se transforme en musique
- Joe Yorke (jeudi 7 décembre, Hall 3 Parc Expo et samedi 9 décembre, Ubu) qui t’envoûtera sûrement
avec sa voix bien soul - Judgitzu (jeudi 7 décembre, Greenroom Parc Expo) inspiré des musiques du monde pour les mélanger
au punk qui est en lui. Sacré mélange ! - Jacques (jeudi 7 décembre, Hall 8 Parc Expo) qui revient après plusieurs années aux Trans avec de
nouvelles compos toujours aussi cheloues ET intrigantes… - Huush (samedi 9 décembre, le Liberté) qui développe une house punk particulièrement attachante
- Hanry (vendredi 8 décembre, Hall 3 Parc Expo) et son post-rock instrumental qui t’emmène dans
l’atmosphère avec leurs trois guitares !! - Ikan Hyu (jeudi 7 décembre, Ubu) et son pop rock gentillet (mais ça semble pas dégueu !)
- Blanco Teta (samedi 9 décembre, Hall 3 Parc Expo) avec son rock un peu vénère, un peu indus et
surtout bien taré !! - Ana Lua Caiano (vendredi 8 décembre, Ubu) qui remet au goût du jour le folk traditionnel portugais
mais pas comme tu crois… Enfin quelqu’un qui sort de l’ordinaire ! - Anushka Chkheidze (samedi 9 décembre, Hall 9 Parc Expo) qui propose un son ambiant vraiment
excellent
En gros t’as plus de 10 concerts chaque soir à ta disposition. Y’a même ceux du Liberté qui sont gratuits.
J’aurai qu’une chose à dire : Fonce ! Et redis moi qui tu as préféré 😉
Marie Morlier