💿LES SORTIES D’ALBUM 💿 du 13 octobre

Cette semaine, deux albums se démarquent nettement : Nicolas Comment et Helena Deland ont réalisé des merveilles. Cependant, It It Anita se glisse en embuscade avec une proposition radicalement différente mais diablement efficace. Il s’agit sans doute de l’une des semaines les plus remarquables de l’année en termes de sorties d’album.

🔺 Nicolas Comment – BLASON

Nicolas arrive avec une proposition d’une rare intensité pour son troisième album, qui est une véritable odyssée au pays du beau. Sa force réside dans la cohérence de l’œuvre de bout en bout, bien que chaque titre possède son propre univers. Certains sont aussi symboliques qu’enjoués, tandis que d’autres sont âpres et matures. Les tableaux s’enchaînent avec une incroyable clarté, chaque orchestration semble susciter les paroles naturellement, et tout coule de source, c’est presque évident. On ressent l’amour pour les êtres et les icônes, tout devient matière à célébrer, et on est entraîné dans ce monde. Nicolas est accompagné par Milo et Brisa à certains moments, et leurs interventions sont sublimées par le reste de l’album.

On y retrouve des orchestrations variées, rappelant  BRMC et d’autres quasi Gainsbourienne, ce qui crée un univers vaste, aéré, riche en détails et en finesse. Les voix de Nicolas et de ses comparses se posent avec une certaine majesté dans cet écrin sonore. Les paroles quand à elles sont bien senties, entre du factuel, de la prose et du ressenti, plein de name-dropping énigmatique. On se perd avec délice dans le cortex cérébral de notre hôte, découvrant de nouveaux points de vues.

Étant plutôt amateur de musique anglophone, mes normes ont été bousculées par « Blason ». Je pourrais vous décortiquer chaque titre et expliquer pourquoi je les aime, pourquoi il est intéressant de les écouter un par un. Cependant, cet opus n’est pas une simple collection de singles, c’est la bande-son d’un état d’esprit et d’une esthétique vers lesquels il semble bon d’aller. Plus on l’écoute, plus on l’apprécie, plus l’album s’insinue en nous et fait partie de notre quotidien. Ne deviendrait-il pas iconique pour le coup ?

Note : 19 /20

🔺 Helena Deland – ‘Goodnight Summerland’ 

Le second Album d’Helena Deland arrive enfin, et dès le début elle empoigne sa vulnérabilité et nous l’expose sans phare . Un album inspiré partiellement,  par la mort de sa mère. Mais plutôt que d’aller vers une œuvre noire, l’horizon funèbre se fait ici lumineux,  tout est sous un soleil nostalgique et bienveillant, le polaroid d’un eden. Une production impeccable, des voix envoûtantes qu’on croirait sorties tout droit de l’héritage de la sublime et regrettée Julie Cruise. Un mélange angélique avec de sublime contre-chant. Un vrai must, le phrasé quant à lui est inventif. 

Sur la chanson “Drawbridge” on dirait un hommage à “Mightnight cowboy” l’un des sublimes titres du film “Cowboy Junkies” écrits par John Barry. Bref hommage appuyé ou simple coïncidence, les deux options me vont. Et ne gâche en rien le plaisir d’écouter ce titre en tout point sublime. 

La voix joue admirablement sur le souffle, notamment sur des titres comme “Who I sound like”. Peut-il y avoir un reproche à ce disque. Non pas vraiment, si vous cherchez des titres pop, passez votre chemin. Mais bon, par contre, cet album pousse toute personne qui l’écoute à croire qu’on ne l’a écrit que pour lui,  les admirateurs de folk et d’introspection trouveront ici tout ce qu’il leur faut. Tellement l’intime est poussé à son paroxysme par cette voix et cette interprétation aussi gracieuse que sincère.

Note:18/20

🔺 IT IT ANITA – MOUCHE

Dans une autre vie, j’ai eu le plaisir d’accueillir le groupe à La Malterie à Lille, et le concert avait été une véritable réussite. It It Anita est un groupe de scène incroyable, et honte à moi, je n’avais jamais pris le temps d’écouter leur discographie. Alors, que donne ce dernier opus ? Je l’ai trouvé plus percutant que ce que j’avais pu voir sur scène. Un mélange ultra efficace de la première époque d’ Helmet, des Butthole Surfers, voire même de Girls Against Boys. C’est tranchant, c’est un son très frontal, mais en même temps, il y a pas mal de variété de styles, et l’album se tient sans temps mort. Un groove lourd et rugueux imprègne le tout. 

Ça commence avec le très bon “Crippling Guilt”, dont le phrasé du chant ferait presque penser par moment à Henry Rollins, et les chœurs sont vraiment drôles et bien trouvés. “Disgrace” et “Giving / Taking” ont un côté très Girls Against Boys. “Psychorigid” apporte une petite pause de variété bienvenue. Le titre a un côté déglingué très sympa avec un faux phrasé rap old school. Il n’y a pas de single ou de moment plus fort qu’un autre, car cette galette est bourrée de titres impeccables et rien n’est à jeter. 

Le groupe a eu la bonne idée de ne pas pousser le vice au-delà de 9 titres, car c’est sans doute la sélection qui suffisait à leur bonheur. Tant mieux, sage décision. Même au bout d’une petite dizaine d’écoutes, je n’ai jamais eu envie de sauter le moindre titre. Well done, c’est parfait, et cela me fait dire que je vais devoir m’attarder honteusement sur le reste de leur discographie. 

Note : 16/20

🔺 Rose Tiger – « The End Forever » 

Un sentiment ambivalent m’étreint souvent quand je pense à ce groupe. Il fait merveilleusement bien ce qu’il fait, c’est une pop classique et classieuse, très glamour, avec de superbes arrangements. Les voix sont géniales qui alterne avec malice entre les voix féminine et masculine , certains titres pourraient presque figurer dans la BO de “Franky Horror Picture Show”.  

À mes yeux, l’album se divise presque en deux parties. La première est talentueuse, inventive, sans faute de goût, mais elle manque d’un je-ne-sais-quoi. La seconde partie, qui pour moi commence avec le très bon “Camelia” et se finit avec “Meet me at the Cemetery”, entre ces deux titres, de vraies pépites, comme le superbe “When You’re Here”, digne d’un titre de T-Rex. Puis le superbe “Unusual Trouble” avec son refrain très 80’s, et le titre “I Won’t Go Back” enfonce le clou avant le sublime “Meet me at the Cemetery”. Cette seconde partie vaut à elle seule le coup. C’est formellement super, mais il me manque un truc sur la globalité de cet album, cela étant dit je pense que c’est intrinsèque à ce type de musique et à mes goûts personnels. Amoureux des belles compositions et du travail impeccable, c’est pour vous. Il est évident que c’est une vraie réussite, qui, à mon avis, prouve surtout que le groupe est talentueux et qu’il faudra compter sur eux dans l’avenir. 

Note : 13/20

🔺 Allah-Las – ZUMA 85

L’été est fini, mais pas tout à fait en fait, grâce à Allah-Las, un long John dans la main droite, les Allah-Las dans les oreilles, et vous voilà reparti en vacances. Une musique vintage, des riffs ensoleillés comme passés sous les sunlights. « Zuma 85 » s’écoute de bout en bout sans difficultés. Le temps fort arrive à mes yeux avec le très bon « Right on Time » à la troisième place (comme d’habitude). C’est de bonne facture, rien de négatif, mais rien de fou non plus, c’est selon vos goûts.

Note : 13/20

🔺 Munya – JARDIN

est encore une bonne surprise du côté du Québec, comme c’est souvent le cas, il faut se le dire. Ici, MUNYA nous propose son propre style, le « New Synth Folk », avec une touche de pop, d’indie, de sitar, de dance et de R&B. Cela rappelle un peu les Cardigans, mais en plus sucré. L’album se tient de bout en bout, sans fausses notes, pour les fans de pop sucrée et exigeante. 

Note : 12/20

🔺 Marek Zerba – FIASCO

Marek arrive avec « Fiasco », qui a le mérite de chercher sa propre voie. On dirait une compilation indie des débuts des années 90, avec des influences de Happy Mondays, Charlatans et Stereo Lab. La production est parfaite et atteint largement son but, le tout avec des paroles en français plutôt orientées vers le fun. C’est créatif et mérite grandement votre attention. 

Note : 12/20

🔺 CROSSES – « Goodnight, God Bless, I Love You, Delete »

Dieu sait que je suis un grand fan de Deftones et de la voix de Chino Moreno. Mais dès le début de l’album, j’ai malheureusement eu l’impression d’une parodie fadasse. Avec une prise de risque à zéro, rien que NIN n’avait déjà fait il y a 30 ans, en mieux. Un Kid Cudi avec « Man on the Moon III » a un phrasé mille fois plus inventif, la production ne vient en aucun cas sauver le tout, quelques jolies moments, mais mon admiration pour l’un des protagonistes, ne me fera pas changer d’avis. Ok, Chino a une superbe voix, mais bon, le compte n’y est pas à de mon point de vue. C’est sans intérêt, pour moi hélas. 

Note : 6/20